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Ceci est le résultat de prise de notes des étudiants en M1 de sciences de l'éducation !

 

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Comme toutes productions humaines des erreurs ont pu être faites!

 

Vous pouvez toujours réagir grâce aux commentaires

 

Tous questionnements, grognements

 

et autres réactions sur les cours sont les bienvenus

 

et même indispensable pour un travail d'échange constructif !

 

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11 novembre 2006 6 11 /11 /novembre /2006 08:14

Hervé Carbucia hmcarbuccia@yahoo.fr

 

Formateur institut en soins infirmiers

 

Doctorant avec Chantal Eymard

 

Méthodologie

 

25 10 06

 

La recherche en méthodologie historique

 

 

Pour le mémoire, l’importance de l’épistémologie est déterminante.

 

 

Il faut être capable de faire son auto-critique, de se défaire de son dogmatisme, prendre du recul par rapport à ce que l’on croit et ce que l’on sait. Attention aux allants de soi. Il faut savoir les remettre en cause, les réexaminer.

 

 

Carnet de bord : on note les idées qui viennent, les citations intégrales. Au bout de plusieurs mois, on peut rédiger sans trop d’efforts. On peut le tenir à la semaine.

 

L’index alphabétique, pour les termes et les définitions, est judicieux à faire.

 

 

La méthode historique est un travail sur l’intelligibilité.

 

Expliquer : comment un fait a-t-il pu se produire ?

 

On est obligé d’aller dans plusieurs champs. Multiréférentialité.

 

 

Fondements

 

Qu’est-ce qui est important en histoire ?

 

1er historiens : Hérodote, puis Aristote.

 

Ils ont témoigné des guerres médiques entre les Mèdes et les Perses.

 

Grâce à ces témoignages, leurs modes de vie et coutumes ont pu être approchées.

 

La trace est un élément déterminant en recherche historique (nature, statut,…).

 

 

2 écoles :

 

(il y en a eu d’autres)

 

-école méthodique : Seignobos. Elle est influencée par le positivisme. Les chiffres, la rigueur…

 

-école des annales : elle est allée voir plus loin que l’histoire événementielle. Marc Bloch et Febvre en sont les précurseurs avec un peu plus tard, Fernand Braudel

 

L’histoire a pris de multiples visages, s’intéressant aux domaines par exemple de l’agriculture, de l’économie, des mœurs,…. Les faits historiques ont été reconsidérés, les traces aussi ?.

 

 

La méthodologie historique

 

Sur Aix Marseille, des gens ont travaillé de manière méthodique, rigoureuse et obsessionnelle pour arriver à dégager et définir les méthodologies en sciences humaines, dont la méthodologie historique (Christian Roux, Chantal Eymard, …). Un livre est à paraître.

 

Autre bouquin de C.Eymard intéressant : initiation aux soins en santé

 

 

Différentes visions des méthodes de recherche

 

Gaston Mialaret (Caen) a publié un « que sais-je » : vocabulaire différent.

 

La sémantique des mots ne fait pas encore l’unanimité dans la communauté scientifique.

 

Une technique pour lui peut être considéré comme un outil pour d’autres. L’entretien est une technique dans certains écrits, un outil dans d’autres.

 

Les définitions et caractérisations des méthodes sont encore confuses.

 

Certains parlent de méthodes de recherche par l’entretien. A Aix, il s’agit de méthode clinique. « Le discours n’a pas été harmonisé sur l’ensemble de la France ». Il s’agit encore d’un débat très ouvert. Mais sur Aix Marseille, il y a harmonisation des significations derrière les mots.

 

 

Evolution de la vision de l’histoire

 

Paul Veyne a mis un point d’orgue aux propos de Bloch et Braudel avec son ouvrage « Comment on écrit l’histoire ». Il dénonce le dogmatisme.

 

Ex : l’histoire du bon roi Henri IV. Pas de remise en question des sources, qui venaient du XIXème siècle. C’est la question de position (épistémé de Foucault, paradigme). Selon les époques, le savoir collectif est marqué par une dominante.

 

La IIIème République a beaucoup œuvré pour travailler sur certains concepts.

 

La différenciation est appliquée : Henri III mauvais, Henri IV bon. Mais Henri III avait déjà commencé l’œuvre qu’Henri IV a poursuivie, tous deux commettant des erreurs.

 

Henri IV a travaillé à unifier le territoire, quand il est mort, il avait peu fait avancer les choses. Au XIXème siècle, on a enjolivé son histoire.

 

 

Autre exemple, dans le domaine des soins, on parle d’infirmières et non d’infirmiers.

 

Histoire de l’infirmière : en fait aussi histoire de l’infirmier. Il y a ait beaucoup plus d’hommes qui faisaient des soins dans l’héritage de la romanité. Les Romains avaient créé des hôpitaux pour les soldats et les esclaves. Cette tradition s’est transmise. Quand les Croisés sont revenus des grandes croisades, on a vu fleurir des structures qui accueillaient les malades, devenues des structures de soins.

 

Seuls des hommes y travaillaient, notamment au sein des monastères. Pplus tard, les femmes ont commencé à s’occuper du soin, les deux ont coexisté (couvents ou autres).

 

A partir du XIXème politique délibérée de féminisation des soins (œuvre surtout par exemple de Florence Nighingale, intégrée avec la soumission de la femme à l’homme, infirmières pour les hommes médecins.) Idéalisation de l’infirmière post guerres mondiales où il y eu explosion de la femme soignante.

 

 

Les positionnements et interprétations d’époque polluent les conceptions.

 

Michelet, écrivain prolixe, ayant une partialité évidente, a été à la source de la formation.

 

 

Bibliographie conseillée :

 

Hervé Barreau (directeur de recherche honoraire du CNRS) Une épistémologie Que sais-je n°1475

 

Raynal et Rieunier Pédagogie, étude des concepts clés

 

Pour ceux qui voudraient travailler en méthode historique :

 

Bizière Vayssière histoire et historiens Hachette 2001 Tous les courants historiques avec un esprit de synthèse. Cela apporte à la culture.

 

Laurence Bardin, l’analyse de contenus, PUF, 9ème édition 1998. Sans arrêt réédité. Cela aide à travailler sur des entretiens et des documents.

 

Nouschi : initiation aux sciences historiques Nathan 1993

 

De la formation par la recherche aux caractéristiques d’une relation éducative en santé L’HDR de Chantal Eymard à la BU d’Aix et à Lambesc.

 

Ce qui est passionnant est la partie relative aux méthodes de recherche.

 

 

 

L’historien n’a pas vécu les faits dont il parle. Il est tenu à la rigueur et ne doit pas inventer, sauf si c’est dit. Certains tirent des conclusions sur la préhistoire. Ils inventent.

 

Jean Luc Desjean, un professeur des écoles, a écrit une « petite histoire de la préhistoire. » Il a écrit à partir de tout ce qui a pu être écrit en recherche en faisant des nouvelles.

 

Il démonte par exemple l’histoire de la guerre du feu. Jusque là la vulgate pensait que les hommes se faisaient la guerre, mais étant peu nombreux cela aurait provoqué leur extinction.

 

La guerre du feu est enseignée comme une vérité historique, mais ce n’est qu’un roman.

 

A l’école, l’invention de l’écriture est abordée avec l’Egypte ( ?), mais l’écriture existait 3000 ans avant JC à Sumer, en Chine,… le niveau de civilisation était déjà développé.

 

Au Néolithique, en Europe, les hommes avaient déjà un certain niveau de confort de vie, notamment dans des cités lacustres, ils avaient des bottes fourrées, des vêtements très bien cousus, mais ils n’avaient pas l’écriture comme moyen de communication (les dessins ?).

 

 

Modalités du dispositif

 

 

Principes méthodologiques

 

 

On s’intéresse à expliquer ou à comprendre.

 

Travail sur un fait actuel ou un fait du passé.

 

L’objet de recherche est construit sur la problématisation.

 

Ex : place des hommes dans le soin : trois fois plus d’hommes deviennent infirmiers en fin du XIXème siècle qu’au début. Pourquoi ? D’où cela vient-il ? Quelle est l’origine de la place des femmes dans les soins infirmiers ?

 

On n’est pas du tout dans la résolution de problèmes. Il s’agit de praxéologie.

 

La recherche fondamentale est peu subventionnée. On veut des produits rentables, par exemple en médecine, dans les laboratoires, aux USA…

 

Le chercheur va problématiser au présent, en s’intéressant au passé. (attention aux anachronismes)

 

Certains s’intéressent au devenir. On avait l’ambition dans la version positiviste d’intervenir sur le futur.

 

 

Pas de recherche en méthode historique sans hypothèse. Elle est construite de façon théorique. Elle met l’accent sur plusieurs faits et va à se référer à des modèles de compréhension, d’explication, d’interprétation des faits sociaux. La sociologie, la psychologie, l’anthropologie sont convoquées.

 

Les modèles permettent de prendre de la distance par rapport au problème de départ. L’hypothèse va aider à sélectionner les outils de recueil de données. Cela entre dans le champ de l’heuristique…

 

 

L’observation historique est nécessaire. Qu’est ce que c’est ? Elle est fondée sur le travail des traces.

 

Marc Bloch : « La trace est la marque perceptible, au sens qu’elle laissait un phénomène en lui-même  impossible à saisir. »

 

Articles de journaux de 68 : traces permettant plus facilement de comprendre un phénomène qu’une gravure rupestre pour la préhistoire.

 

L’histoire évolue sans arrêt, il est difficile de faire un arrêt sur images.

 

La rigueur est essentielle.

 

 

L’histoire s’appuie toujours sur la mémoire collective.

 

Joutard, historien toujours vivant, a dit que « la mémoire collective est faite de ce qu’on veut se rappeler et de ce qu’on oublie, de façon consciente ou non. »

 

De Gaulle : il était nécessaire de rendre à la France une certaine honorabilité en oubliant le phénomène de la collaboration. On ne pouvait avancer si on allait débusquer la moitié des Français qui avaient collaboré. On n’a insisté que sur la partie glorieuse comme Jean Moulin. On n’étudie que maintenant le phénomène de collaboration.  

 

 

Le rapport au temps est cardinal. Quand on veut travailler sur l’histoire on travaille forcément sur la durée, sur l’écoulement chronologique du temps. On ne peut se passer de travailler sur la chronologie. Il faut savoir déterminer la période d’étude. Braudel a posé le fait qu’on peut travailler sur un temps long ou court, mais que sur le temps court les contraintes sont plus fortes. Dans la micro-histoire, il faut prendre des sources plus larges pour éviter de tomber dans les anachronismes.

 

Nouschi a beaucoup écrit sur les étudiants en histoire. Il parle des structures : « ensembles cohérents d’éléments ». Pour Braudel, « la structure de l’historien est un assemblage, une architecture, une réalité que le temps use mal et véhicule très longuement. »

 

Ex : institution comme la royauté. Cela a structuré le fonctionnement social. La paternité était quelque chose de très liée au pouvoir royal. C’était le reflet et la source de ce pouvoir royal.

 

 

L’approche holistique (voir les choses dans la globalité) condamne l’isolement du fait. On travaille sur les corrélations. On ne peut sortir une personne, un fait de son contexte. Un événement n’est jamais isolé. Il a toujours des ramifications avec d’autres facteurs.

 

La recherche va porter sur la mise à jours des corrélations, des interactions.

 

 

Le chercheur doit travailler son rapport implication distanciation. Dans la méthode expérimentale, on essaie d’être à distance. Dans la méthode historique, on est impliqué.

 

Le chercheur va choisir les faits qu’il étudie. C’est une implication totale.

 

La reconstitution du passé proposée par le chercheur et son interprétation des faits sont liées à sa position de citoyen et à son histoire personnelle. Le chercheur va devoir prendre en compte ces données, envisager le point de vue de ce quelqu’un d’autre, identifier les modèles pour les remettre en question, les analyser et agir dessus. Il faut examiner l’hypothèse, l’objet sous d’autres angles.

 

Chacun a une vision de cette société, liée à son histoire personnelle.

 

 

L’analyse critique est incontournable. Elle porte sur la critique des sources. On peut critiquer la fiabilité de la trace, de la mémoire. Il faut remettre en question l’idéologie dominante au moment où cette source a été produite. L’auto critique du chercheur est incluse dans cette analyse. Comment le chercheur a pu interpréter les sources pour les faire parler ?

 

 

Deux grands écueils :

 

 

- l’anachronisme. On transporte notre vision actuelle dans un temps passé.

 

Ex : Droit de vie et de mort du père sur le fils un paradigme déchu à contextualiser

 

L’ancien testament est très éclairé à partir du christianisme, à partir de la philosophie grecque. Il aurait moins de similitudes avec le judaïsme que la vulgate le laisse à croire. Actuellement on fait un grand retour sur la pensée hébraïque de l’époque : travail de Chouraqui. Ex : l’idée que le corps est la prison de l’âme est étrangère aux hébraïques et puissante chez les Grecs.

 

- le volontarisme : Jacques Testard, « le vélo, le citoyen, le mur », réquisitoire contre le volontarisme. Des chercheurs produisent des résultats en occultant ce qui va à l’encontre de leur recherche, en fonction d’intérêt de laboratoires. Le nuage s’est arrêté à la frontière de la France au moment de Tchernobyl.

 

Pourtant, il y a eu explosion de cancers et les statistiques ont montré l’impact du nuage radio actif.

 

 

L’interprétation allie temps présent et temps passé. Il faut lutter contre l’amateurisme. Il faut faire des citations sans falsification de sens. Il faut définir les mots, garder les phrases entières. On ne décontextualise pas.

 

C. Roux : « L’interprétation permet de dégager des lois tendancielles, des irrégularités empiriques,  certains mécanismes généraux, mais aussi des persistances d’attitudes et de représentations. »

 

 

Statut de l’hypothèse

 

 

Elle permet d’avoir une rigueur scientifique. Elle est construite sur la base des recherches antérieures. C’est une proposition théorique de l’influence d’un ou de plusieurs faits sur un autre fait que le chercheur met à l’épreuve de la documentation.

 

C’est toujours dans le cadre au moins de la sociologie que l’on va s’inscrire (???)

 

C. Roux : «  A partir de l’hypothèse, le chercheur tente de mettre en évidence des invariants théoriques, des caractéristiques qui se conservent dans une évolution. … ou des co-variations fonctionnelles, c'est-à-dire des phénomènes qui varient en même temps que d’autres. »

 

 

Les femmes de notre génération n’acceptent pas les modèles de leurs mères, qui avaient déjà remis en cause le modèle de leurs mères. Cette façon a produit pour les hommes une autre façon d’être masculin. Il y a influence de l’un sur l’autre, co-variation.

 

En pédagogie Maria Montessori : co variation entre Italie et France.

 

 

Toujours hypothèse : lorsque la recherche porte sur une période suffisamment récente pour pouvoir quantifier les données, la décision de validation de l’hypothèse se prend à partir du test de l’hypothèse nulle (H0). L’hypothèse nulle déclare qu’il n’y a pas de corrélation entre les faits observés. C’est le rejet de H0 qui permet de confirmer la probabilité d’une corrélation.

 

Il y a au départ de la validation de n’importe quelle hypothèse, l’hypothèse nulle. Si par le traitement des données, on met en évidence des corrélations, on rejette l’hypothèse nulle. On valide alors sa propre hypothèse. On ne va pas dire il y a corrélation, mais il y a probabilité de corrélation. On n’est jamais dans la certitude. Il y a un faisceau d’indices qui permettent de penser que cela aurait pu se passer comme cela.

 

Le travail mettant en évidence une co occurrence entre les faits relève du travail d’interprétation du chercheur. C’est là où il y a différenciation avec l’approche expérimentale. On ne parle pas de causalité. Il y a co-occurrence.

 

 

Outil de recueil de données

 

 

Le document : en histoire, c’est une notion extrêmement large. Il y a des textes publics ou privés (textes officiels, journaux, revues scientifiques ou écritures professionnelles, les manuels, le courrier…), les traces picturales, tableaux, fresques, dessins, caricatures, sources d’images, photos, cartes postales, images animées, sources sonores, archives INA, supports informatiques, CD, cassettes…

 

Le travail va relever autant de l’analyse que du commentaire. L’analyse déploie le document, le découpe en unités de sens, et catégorise les informations qu’il contient. Elle tente de dégager l’ensemble des éléments en restant au plus près du texte, ou du document.

 

Laurence Bardin, l’analyse de contenus, PUF, 9ème édition 1998. Sans arrêt réédité. Cela aide à travailler sur des entretiens et des documents.

 

Commentaire : il fait parler le document. Il le situe dans son contexte et en propose une interprétation en fonction d’un modèle, d’une théorie choisie à priori ou convoquée à posteriori, pour sa pertinence au recueil de données.

 

Ouvrage Le commentaire du document en histoire, écrit par un collectif de 5 personnes.

 

Dans les données apparaissent d’autres modèles qui appellent d’autres théories. On peut aller chercher une à trois autres théories pour interpréter et étayer son propos.

 

Le modèle de l’identification, peut être utilisé à posteriori, après le recueil de données, pour le mémoire de maîtrise.

 

 

Que doit-on faire ?

 

Identifier un document. Où il a été pris, qui en est l’auteur, cela permet d’apporter des éléments sur les limites du document et les indices qu’il livre pour étayer une recherche : nature du document, auteur, date d’élaboration et de publication, circonstances d’élaboration pour contextualiser le document. Il faut expliciter la nature du document. Pour un texte de loi, numéro, année… Pour les lettres personnelles, il faut trouver des indices. C’est plus compliqué pour ce qui relève de la sphère privée. Est-ce un document qui informe, qui essaie de convaincre, ou qui interdit (document informatif, argumentatif ou prescriptif)

 

On peut inférer à partir du contenu, mais ce n’est pas toujours facile. Parfois, on n’arrive pas à identifier l’auteur.

 

Ex : Règlement intérieur : on ne sait pas quel collectif l’a rédigé et quand il a été mis en place mais il renseigne sur les mœurs de l’époque.

 

Autre élément intéressant : le destinataire : individu, collectif, institution ? Cela permet de mieux comprendre l’utilité de ce document.

 

La date d’élaboration n’est pas toujours facile à trouver. Il ne faut pas la confondre avec la date d’édition ou de publication. Certaines lois sont votées et peuvent ne pas avoir de décret d’application (elles prennent effet si décret).

 

 

Analyse : Elle doit dégager des indices historiques et de chronologie du texte. Il faut déterminer une partie qui pourrait corroborer l’hypothèse. Travail sur le contexte historique : document en contenu, contexte socio politique de la période, en correspondance avec la problématique de la recherche. Le commentaire d’un document sera toujours dépendant de l’hypothèse. La difficulté du commentaire est de ne pas faire de paraphrase. Il faut développer l’esprit de synthèse en faisant des noyaux de sens pour apporter la part d’intelligibilité qui servira à la recherche. Travail sur la catégorisation des textes ou des documents. On développe alors ce qui est de sa propre argumentation.

 

 

Les entretiens sur la méthode historique ne portent jamais plus que sur une période de 50 ans. Ils peuvent témoigner de ce que la génération précédente peut avoir léguer dans la mémoire de la famille, ou de ce que les instituteurs ont pu raconter. Cela ne remonte pas à plus d’un siècle.

 

Les entretiens seront toujours traités à partir de l’analyse de contenus :

 

-travail sur le quantitatif : avec les logiciels, les termes peuvent être repérés et comptés.

 

- travail sur le qualitatif. Il faut le faire soi-même : déterminer des noyaux de sens et des catégories. Les entretiens seront préparés par des questions non fermées mais qui permettront aux personnes de laisser leur mémoire travailler. Entretien d’explicitation, mémoire d’évocation. Travail sur la subjectivité.

 

entretien d'explicitation

 

L'entretien d'explicitation est une technique de questionnement développé à partir des approches théoriques et de pratiques de Pierre VERMESCH et du GREX (groupe de recherche sur l'explicitation)

 

 

 

intervention de Nadine FAINGOLD, maitre de conférence à l'IUFM de Versailles, Journée de l'Innovation, Paris, avril 1997

 

 

Quelle que soit l’entrée utilisée, qu’il s’agisse d’écrire sur nos pratiques, qu’il s’agisse d’utiliser un retour vidéo sur ce que nous faisons, ou de travailler avec un outil comme l’explicitation dont je vais parler tout à l’heure, je crois que l’un des processus importants est un processus de décentration, du fait que nous sommes très impliqués et engagés dans l’action, et qu’il est essentiel d’avoir des temps de prise de recul, de distanciation, pour prendre conscience de ce que nous faisons dans l’action.

 

 

Ce processus de prise de conscience se rapproche beaucoup de ce qui était désigné comme une appropriation de ce que nous sommes, et ça me paraît tout à fait essentiel dans la mesure où, et je reprends là ce que Pierre Vermersch dit de l’action, l’action est opaque à elle-même. C’est-à-dire que quand nous faisons, qu’il s’agisse de réussite ou qu’il s’agisse de moindre réussite, nous ne savons pas nécessairement tout ce que nous mettons en œuvre dans l’action ; donc il y a toute une série d’implicites qu’il est intéressant de mettre à jour. C’est là, probablement, que l’analyse des pratiques est efficace et que, peut-être, l’entretien d’explicitation apporte une méthode, une méthode de mise en mots des pratiques.

 

 

Donc, processus de décentration, processus de prise de conscience et mise en mots de ce dont est faite l’action. Une fois que c’est mis en mots et écrit, l’intérêt est double. D’une part pour nous, effectivement : à partir de cette prise de conscience et de cette mise en mots, cela devient transférable à d’autres situations analogues, nous pouvons alors réutiliser ce dont nous avons pris conscience : " ah, tiens, j’ai fait comme ça, là ". C’est alors beaucoup plus facilement mobilisable dans une action ultérieure. Donc transférabilité pour soi, et puis transmissibilité aux autres ; non pas que cela puisse se transmettre comme par magie, mais une fois mis en mots, cela devient communicable, et libre à chacun d’entre nous ensuite de reprendre tel ou tel élément d’une pratique décrite et à laquelle nous souhaitons nous essayer.

 

 

Une des difficultés tient à ce que si on écrit spontanément sur sa pratique, l’un des risques consiste à rester au niveau des intentions et des résultats ; il n’est pas si facile d’accéder à une description des pratiques effectives. C’est à ce niveau là que l’entretien d’explicitation est un outil extrêmement intéressant, parce qu’il vise précisément à mettre à jour des éléments que Pierre Vermersch appelle " pré-réfléchis ".

 

 

Qu’est-ce que cette notion de pré-réfléchi ? C’est l’idée qu’il y a un vécu immédiat, qui est ce que nous vivons au présent dans l’action, et puis que, si nous parlons de ce que nous avons fait, nous allons produire une mise en mots qui va probablement rater le détail fin de ce que nous mettons en œuvre dans l’action.

 

Donc, l’ambition de l’entretien d’explicitation c’est, par la médiation d’un interviewer qui questionne, enregistre au magnétophone la mise en mots, par le sujet, du vécu de son action. En général on enregistre au magnétophone l’entretien, c’est souvent à deux dans le cadre d’un entretien de recherche, mais cela peut être dans de petits groupes d’analyse de pratiques. J’en anime un certain nombre, en utilisant la technique de l’explicitation.

 

Il s’agit vraiment d’une action descriptive du comment de l’action et en fait, sous action, il faut mettre principalement deux axes, l’axe des prises d’information, c’est-à-dire " comment je sais que par exemple, les élèves là sont attentifs, sont motivés, rentrent dans la notion qu’effectivement je souhaite aborder avec eux ". " Comment tu sais que ... ? ", c’est un des axes. Quelles sont les prises d’informations qui permettent de mener à des opérations d’identification ?

 

 

C’est un premier axe très important, le second étant celui des prises de décision ; c’est-à-dire : une fois que j’ai pris cette information, qu’est-ce que je fais ? Quelle prise de décision ? et comment je fais quand j’ai pris cette décision ?

 

 

Par exemple, je constate que les élèves sont en train de se disperser. " Comment tu sais que, effectivement, là, l’attention est moins grande ? ". Je le vois. " Qu’est-ce que tu vois quand tu vois ça ? " et ainsi de suite. Donc, il y a une poussée du questionnement jusqu’à mettre à jour des prises d’informations, et le comment de la régulation par rapport à cette prise d’informations qui permet d’accéder un peu mieux qu’avec une verbalisation spontanée sur les pratiques à ce qui est fait, à ce que Vermersch appelle "la réflexion en action des praticiens experts". " Je sais faire, je ne sais pas tout ce que je mets en œuvre ". Chez les enseignants, c’est beaucoup de choses, tout ce que je mets en œuvre pour savoir faire.

 

 

Un exemple très intéressant : quand on sollicite les enseignants sur leurs réussites, très souvent, les enseignants experts, réagissent sur le mode de : " ah, mais justement, là, je ne fais rien ". Et c’est vrai que l’explicitation est très efficace pour mettre à jour : " qu’est-ce que tu fais quand tu ne fais rien ? ". Et là, on a des verbalisations extrêmement riches sur les prises d’informations, l’attention extrême portée au groupe classe, aux élèves qui travaillent en groupes par exemple, et y compris : " qu’est-ce que je fais pour ne pas intervenir ? Je me mords les lèvres… " Qu’est-ce qu’on fait quand on ne fait rien pour que les élèves travaillent ?

 

 

Ce sur quoi je n’ai peut-être pas insisté, c’est que, précisément pour ne pas passer du vécu immédiat au vécu mis en mots, il y a un processus de réfléchissement. C’est le mot. J’ai parlé de pré-réfléchi ; justement, on prend le temps d’un réfléchissement, c’est-à-dire d’accéder à un vécu représenté. C’est ce détour que Pierre Vermersch appelle le réfléchissement, avec quelqu’un qui questionne et qui a un simple rôle de miroir et d’aide à la prise de conscience, ce qui est tout à fait spécifique de l’explicitation.

 

 

C’est une méthode de questionnement qui s’apprend, qui me paraît précieuse en tant qu’aide à l’écriture. Elle permet aussi de comparer les moments de réussite et les moments de moindre réussite, et cela peut souvent éclairer: " comment je fais quand je m’y prends moins bien ? " avec " comment je fais, qu’est-ce que je mets en œuvre, quelles sont mes prises d’informations et mes prises de décision quand je sais faire ? ".

 

Bien entendu on ne peut pas faire l’économie de tout le processus de formation qui va derrière. Ce n’est pas parce que c’est écrit que d’autres peuvent s’approprier des pratiques réussies et bien décrites ; je crois qu’on ne fait pas l’économie effectivement des essais, des erreurs et de l’analyse de ses propres pratiques quand on veut essayer quelque chose que des collègues ont mis à notre disposition

 

 

une technique utilisée pour accompagner des équipes en innovation

 

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